Face à la baisse de votre carnet de commandes, vous pouvez être tenté d’alléger de manière provisoire votre effectif salarié. Le prêt de main d’oeuvre d’un ou plusieurs salariés constitue une des solutions possibles. Cette pratique, très réglementée, impose toutefois de s’entourer de garanties. La prudence est de mise.
CONCLUSION D’UNE CONVENTION
L'entreprise prêteuse et l'entreprise utilisatrice doivent signer une convention qui précise les éléments suivants :
La convention ne peut en aucun cas concerner plusieurs salariés. Il en faut une par salarié nommément désigné.
Pendant la période de prêt, le contrat de travail qui lie le salarié à l'entreprise prêteuse n'est ni rompu, ni suspendu. Le salarié continue d'appartenir au personnel de l'entreprise prêteuse et de bénéficier des dispositions conventionnelles, comme s'il exécutait son travail dans son entreprise d’origine.
FACTURATION
Le prêt de main-d'œuvre doit obligatoirement être à but non lucratif pour l'entreprise qui prête la main-d’œuvre. Celle-ci facture, pendant la mise à disposition, uniquement les salaires versés aux salariés, les charges sociales qui y sont liées et les frais professionnels remboursés au salarié.
Sur le plan légal, rien n’interdit vraiment la facturation de « frais de gestion » en sus. La Cour de cassation a même validé cette pratique, estimant qu’en n'étant pas obligée de payer elle-même l’intégralité de ces frais, l’entreprise utilisatrice bénéficiait d’un avantage financier, puisqu’elle n’avait pas à débourser les sommes qu’elle aurait dû engager si elle avait embauché elle-même les salariés mis à sa disposition.
Une telle pratique semble donc a priori possible, pour autant que ces frais soient justifiables et modérés.
ACCORD DU SALARIE
Le salarié doit exprimer son accord explicite et, s'il refuse, ne peut pas être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire. Il doit signer un avenant au contrat de travail, qui indique obligatoirement :
SANCTIONS
Le prêt de main d'œuvre illicite est sanctionné pénalement jusqu'à 2 ans d'emprisonnement et 30.000 € (montant porté à 150.000 € pour une personne morale).
Des peines complémentaires peuvent aussi être prononcées : interdiction d'exercer certaines activités professionnelles, exclusion des marchés publics (5 ans maximum), publication du jugement dans les journaux, etc.
Des sanctions administratives peuvent également être appliquées : suppression des aides publiques (exonérations de charges sociales, par exemple), fermeture, etc.